L’inhumation et la crémation sont aujourd’hui les deux seuls procédés autorisés légalement en France. Toutefois, une partie des français souhaiterait des funérailles écologiques. Si un réel effort est constaté dans les propositions des entreprises de pompes funèbres comme : le cercueil en carton, le cercueil en bois brut, les urnes biodégradables ou l’inhumation en pleine terre, ces dernières ne répondent pas à l’ensemble des critères écologiques et surtout elles ne prennent pas en compte le corps. C’est la raison pour laquelle des personnes engagées se dirigent vers l’humusation.
- L’humusation, c’est quoi ?
- L’humusation est illégale en France.
- Quelles sont les étapes de l’humusation ?
- Et après ?
- L’humusation dans les autres pays ?
- En France, ça s’active aussi : deux associations ont vu le jour.
- Combien ça coûte le compostage humain ?
- Quelle place pour des obsèques ?
- L’humusation et la terramation, pour des écolos mais pas que.
- La Cagnotte des proches : une cagnotte solidaire aux valeurs environnementales
L’humusation, c’est quoi ?
L’humusation est un protocole technique de compostage humain. Le corps est une matière organique et donc peut se décomposer. Grâce aux actions des micro-organismes, le corps se transforme en terreau fertile, en humus. C’est le procédé naturel que l’on observe facilement en forêt par exemple. À la différence de l’inhumation, le corps n’est pas enterré mais placé sur une butte. Les micro-orgagnismes vivent avec de l’air, de la lumière et de l’eau. Or, un corps inhumé, même en pleine terre, ne bénéficie pas de ces dernières.
L’humusation est illégale en France.
Aujourd’hui, nous pouvons soit enterrer un corps dans un cercueil soit « crématiser » un corps dans un cercueil.
A lire : Inhumation ou crémation : pourquoi davantage de familles ont recours à l’incinération ?
Des personnes militent pour que l’humusation deviennent le troisième mode de sépulture autorisé. L’une d’entre elles est la député Élodie Jacquier-Laforge. En 2023, elle soumet une nouvelle proposition de loi pour développer l’expérimentation de l’humusation pour les communes volontaires. Et depuis un an, Elodie Jacquier Laforge se félicite de remettre le débat au cœur de la cité avec la mise en place de cycles de rencontres :
« En matière de choix funéraires, il est essentiel que chacun et chacune puisse être respecté dans ses convictions. C’est pourquoi j’ai entamé un cycle de rencontres avec tous les acteurs du secteur depuis un an : opérateurs funéraires, associations, collectivités, société civile, étudiants, syndicats ou encore entreprises spécialisées. Ces échanges ouverts et francs ont permis à chacun d’exposer sa vision des enjeux funéraires, de partager des avis et des divergences et d’ouvrir sur de nouvelles propositions. Il en ressort une nécessité de faire évoluer la législation du funéraire, en lien avec tous les acteurs » (Elodie Jacquier Laforge, Source : http://www.elodiejacquierlaforge.fr)
« En matière de choix funéraires, il est essentiel que chacun et chacune puisse être respecté dans ses convictions. C’est pourquoi j’ai entamé un cycle de rencontres avec tous les acteurs du secteur depuis un an : opérateurs funéraires, associations, collectivités, société civile, étudiants, syndicats ou encore entreprises spécialisées. Ces échanges ouverts et francs ont permis à chacun d’exposer sa vision des enjeux funéraires, de partager des avis et des divergences et d’ouvrir sur de nouvelles propositions. Il en ressort une nécessité de faire évoluer la législation du funéraire, en lien avec tous les acteurs » (Elodie Jacquier Laforge, Source : http://www.elodiejacquierlaforge.fr)
Quelles sont les étapes de l’humusation ?
Le corps est amené sur une civière, ou un cercueil de prêt, enveloppé d’un linceul biodégradable. Le corps ne doit pas avoir subi de soins de conservation. Il est ensuite déposé sur un lit végétal composé de feuilles, de terre et de broyats puis recouvert abondamment de ces mêmes matières et enfin recouvert d’une bâche.
Le processus commence, les micro-organismes (champignons microscopiques), nommés des « humuseurs », s’activent naturellement. Des professionnels formés à l’humusation, aussi appelé « humusateurs » interviennent pour contrôler et arroser la butte de temps en temps.
Au bout d’environ quatre mois, les os sont naturellement nettoyés. Les humusateurs peuvent alors retirer tous les composants non organiques : pacemaker, prothèses, etc. Ils procèdent par la suite au broyage des os et des dents.
Il faudra un an pour que le corps deviennent de l’humus.
Et après ?
Dans l’idée, les familles des défunts pourraient utiliser ce terreau fertile pour planter un arbre du souvenir comme lieu de recueillement et le reste de terreau permettra aux humusateurs agréés de planter d’autres arbres. Les cimetières deviendraient des forêts. Tout ceci reste du conditionnel et c’est bien ce que la loi devra encadrer avant d’autoriser, sur le sol français, ce processus de compost humain.
A lire aussi : Planter des arbres en hommage à un défunt : une démarche symbolique et écologique
Vous pouvez retrouvez les étapes de l’humusation sur l’infographie ci-dessous, réalisée par la fondation belge « Métamorphose pour mourir… puis donner la vie ! », extraite du site web de la fondation.
L’humusation dans les autres pays ?
Depuis 2019, « la réduction organique naturelle » avec la méthode « Recompose » est légale dans plusieurs États américains : Washington, le Colorado, le Vermont, la Californie et depuis 2022 l’État de New-York. En Belgique, malgré des pétitions et des expérimentations autorisées par le gouvernement, le début d’année 2024 est marqué par la désapprobation de la Région Bruxelloise en matière d’humusation, qui reste donc une pratique illégale. La Fondation Métamorphose pour mourir… puis donner la vie ! poursuit son engagement en faveur de l’humusation.
L’Allemagne aussi s’intéresse de prêt au compostage humain. D’ailleurs, c’est le premier pays européen qui autorise les expérimentations en conditions réelles en prenant en compte les aspects sociaux et économiques. Ils utilisent une autre technique que celle de l’humusation, la réhinumation. Au lieu de placer le corps sur une butte, ils placent le corps dans un contenant, un composteur.
En France, ça s’active aussi : deux associations ont vu le jour.
Humo Sapiens, pour une mort régénérative est la première association née en France à la fin de l’année 2021. A la place d’humusation, ils emploient le terme de terramation. Pierre Berneur, président d’Humo Sapiens, explique que l’humusation est une technique. Or, il leur fallait trouver un mot générique pour répondre à leur approche sociale. Ce sera la terramation, un terme qui se développe à l’échelle mondiale. L’humusation est donc une des techniques possibles de la terramation, et non un synonyme, au même titre que la méthode Recompose des américains.
« 46% des français se déclarent prêts à recourir à la terramation »
Ce chiffre est issu du premier sondage d’opinion sur la mort régénérative et l’humusation commandité par l’association Humo Sapiens et soutenu par la MAIF, réalisé par OpinionWay. Pour Pierre Berneur, « il démontre une vraie attente sociale de la part des français ».
La seconde association, Humusation France a été créée fin 2021. Elle se rapproche de la fondation belge Métamorphose pour mourir… puis donner la vie ! en se focalisant sur la technique d’humusation. La vocation de cette association est « de faire connaître le concept, encore trop peu connu, d’humusation et de le faire légaliser dès que possible en tant qu’alternative écologique aux deux seules pratiques funéraires autorisées à ce jour ». (Source site web : http://humusationfrance.org/)
Combien ça coûte le compostage humain ?
Si l’humusation se veut être une alternative écologique, elle pourrait être aussi économique. Toutefois sans législation il est difficile de chiffrer le prix pour l’humusation d’un défunt. Nous pouvons supposer que le prix des matériaux sera faible : pas de pierres tombales, pas de caveaux, pas de cercueils ni d’urnes. En revanche, pour procéder à l’humusation, les communes devront s’acquitter d’un terrain et surtout d’une main d’œuvre qualifiée.
Quelle place pour des obsèques ?
Au-delà de l’aspect juridique, ce sont des rites qui devront aussi être imaginés. À l’instar de la crémation, où il y a souvent une cérémonie avant, il serait envisageable de concevoir une cérémonie lors de la dépose du corps sur la butte. Puis un an après, lors de la dispersion du corps transformé en terreau.
L’humusation et la terramation, pour des écolos mais pas que.
Pour les personnes qui ont porté des valeurs écologiques, et mené des actions dans ce sens toute leur vie, polluer une fois mort n’est pas acceptable. Toutes les techniques envisagées et en cours de recherche pour une mort régénérative ont une visée environnementale. Pour Pierre Berneur, ce courant vient également réinterroger notre rapport aux vivants. Si aujourd’hui, ces pratiques ne sont pas légales en France, elles le seront peut-être demain. Vous avez donc la possibilité de le mentionner dans vos volontés funéraires.
Vous êtes encore réticent à ces pratiques ? Précisons que l’humusation viendrait s’ajouter, et non remplacer, aux procédés existants que sont l’inhumation et la crémation. Aussi, les deux associations françaises mettent en place régulièrement des rendez-vous pour parler d’humusation et de terramation : rencontres, conférences, cafés mortels,…
C’est quoi un café mortel : lire l’article ici.
La Cagnotte des proches : une cagnotte solidaire aux valeurs environnementales
Tant que l’humusation, technique qui permettrait de baisser le montant de la facture des obsèques, n’est pas encore sur la marché, les funérailles restent un réel coût pour les familles et amis. Vous avez la possibilité de faire appel aux cagnottes solidaires. Avec la cagnotte des proches, vous pouvez demander à une communauté solidaire de vous aider dans la prise en charge de vos obsèques. Que vous ayez des difficultés financières ou que vous préféreriez que vos proches contribuent à cette cagnotte plutôt que d’amener un bouquet de fleurs, ou autre, faites le savoir.